
À Montréal, on a les tiroirs et la porte du frigo pleins de billets et de playbills de pièces de théâtre, de concerts, de films indépendants, d’expos, de galleries-cocktails, de speed-datings-wine-tasting et de festivals de tout… Tout ça pour dire que parfois, l’offre culturelle en cornucopia de la ville, qui se place dans le top des hubs artistiques d’Amérique du Nord, est parfois presque trop abondante.
Pour ceux qui visitent, c’est le même problème -il y a tellement de choses à voir et, même si on ne parle que de théâtre, on a peur de ne pas avoir le temps d’assister à toutes les pièces qu’on a notées sur notre wishlist de Montréal.
Hier soir, on est allés voir la pièce Être ou ne pas être un Douchebag au Théâtre Duceppe, qui est proposée dans une formule qui semble avoir été inventée juste pour les boulimiques de culture, ceux qui ont besoin de se coucher tôt et pour ceux qui voient les soirées à Montréal comme des rallyes théâtre-apéro-souper-ciné-karaoké (et qui n’ont pas besoin de se lever tôt)…
C’est la formule 5 à 7, qui présentera des courtes pièces en un acte -entre 45 et 60 minutes- dans les coulisses du théâtre, accompagnées d’un verre et d’un canapé (le snack, pas le sofa). C’est l’apéro (ou le pré-apéro) parfait!
La formule 5 à 7
La formule, qui existe à Duceppe depuis 2018 mais est moins connue que ses spectacles dans la grande salle, est inspirée du concept écossais a play, a pie and a pint (une pièce, une tourtière et une pinte) et présente des pièces en un acte (qui durent 60 minutes maximum) avec un drink et une collation.
Hier soir, c’était une bière de microbrasserie estampillée au nom du théâtre et un cupcake. Évidemment, il y a aussi une option sans alcool -après tout, il était tôt.
C’est également une formule à tout petit prix, avec un tarif unique de 30$.
Mais l’aspect le plus cool de cette formule, c’est qu’on va voir la pièce dans les coulisses, avec l’ambiance d’un go-see des années 80, pendant l’ère la plus punk du théâtre nord-américain -jusqu’à maintenant.
Des chaises sont installées autour d’une petite scène carrée, tout près de l’action et des comédiens, qui font partie de la relève du théâtre québécois. Les murs et le sol sont peints en noir et ont la texture si particulière du backstage, et la vibe est détendue et électrique en simultané. Ce n’est pas juste plus court ou plus relax, c’est une expérience très différente de la pièce de théâtre avec moquette rouge classique.
Être ou ne pas être un douchebag
Du 15 Avril au 2 Mai, la pièce qui joue en 5 à 7 à Duceppe c’est Être ou ne pas être un douchebag, écrite par Mary-Lee Picknell (qui interprète également le rôle de Karine) du collectif Les Hébertistes et mise en scène par Guillermina Kerwin.
C’est un huis-clos dans un ascenseur en panne, en real-time, avec deux ex-amants avec 10 ans d’écart, 10 ans depuis qu’elle l’a ghosté et à première vue rien en commun…
Malik (interprété par Vincent Paquette, exceptionnel de vérité dans le rôle) -qui apparaît au premier abord comme le proverbial « douchebag »- et Karine déroulent, entre freakouts et rires hystériques dans un cube lumineux qui est l’ascenseur dans lequel ils sont coincés, une tonne de préjugés et d’insécurités qui ont le goût d’une crise de la quarantaine. Les deux personnages sont le douchebag qu’on n’a pas envie de devenir mais qu’on est tous de temps en temps.
C’est drôle, et un peu triste, et un peu cathartique -et on est assis tellement près qu’on se sent presque voyeurs de retrouvailles de mauvaise foi entre deux personnes qu’on connaît (les douchebags, on en connaît plein).
Quand ça se termine, on a oublié qu’on était au théâtre, et on a un peu envie d’être coincé dans un ascenseur avec un ex pour s’engueuler avec….
Et quand on sort, il est 18h30, et on a le temps d’aller boire un verre, souper, aller au cinéma… Ou juste se coucher tôt!
Infos pratiques
Quand? Être ou ne pas être un douchebag joue du 15 Avril au 2 Mai 2025
Où? au Théâtre Duceppe, à la Place des Arts
Combien? tarif unique de 30$
Pour plus d’infos, c’est ici!
Bon spectacle!