
Quand on pense aux surréalistes d’après-guerre, on ne dirait pas tout de suite qu’un artiste qui est connu dans certains cercles comme « le dernier des grands surréalistes » est un natif de Montréal…
Et pourtant, le Musée des Beaux-Arts présente pour la première fois sur le sol canadien une exposition organisée par le Museo del Palacio de Bellas Artes de Mexico City, consacrée au travail d’Alan Glass, surréaliste mexicain d’origine montréalaise.
C’est un délice absolu de découvrir le travail de Glass, présenté en salles-écrins pour contenir les microcosmes poétiques de l’artiste -les dessins automatiques, les boîtes « assemblages », les oeufs peints à l’aquarelle, les compositions d’une sophistication presque surnaturelle.
On a pu découvrir l’expo, qui ouvre au public le 17 Avril, en avant-première…
Alan Glass (1932-2023)
Alan Glass, qui est né à Montréal, est décrit comme un homme passionné, curieux et qui s’émerveillait de tout -et à voir son art, qui est infusé de minutie studieuse et d’une joie de vivre incroyable, on y croit.
Sur un des murs de l’expo, bleu profond comme le ciel de Mexico City, on peut lire une phrase de lui, écrite dans une lettre à une amie; « Chaque jour me semble plus extraordinaire que celui d’avant. Chaque jour mes yeux s’ouvrent sur merveille après merveille. »
Alan Glass a beaucoup voyagé -de Montréal à Paris, où il a été « découvert » par André Breton, et puis à Mexico City, où il a passé la plus longue partie de sa vie.
Le conservateur en chef du Museo des Palacio de Bellas Artes Joshua Sánchez, parle du Mexique comme d’une place de liberté pour Glass. Dans la centaine d’oeuvres présentées dans l’expo on voit Montréal, les traditions matérielles artistiques mexicaines et autochtones, l’influence du passage de Glass à Paris et son impact très fort sur le style de son travail ainsi que les voyages de l’artiste, notamment au Népal.
On découvre Alan Glass, à travers de multiples influences agencées -et assemblées- avec une poésie créatrice délicate, dans cette expo qui lui rend sa place dans l’histoire de l’art canadienne et québécoise.
Délicatesse, dessin et mini-mondes
L’expo s’ouvre sur les dessins automatiques de Glass, commençant en 1954 -à l’invention du stylo à bille.
La sophistication et la minutie des dessins, dans lesquels on a vite à se perdre, rappelle un peu les décors et l’iconographie des films de Jodorowsky, et on n’est pas surpris de découvrir qu’ils étaient amis.
Mais Alan Glass a fait un peu de tout, et suivent une série d’aquarelles peuplées de déesses et de figures mythiques, des oeufs peints qu’il envoyait à ses amis, et ses « assemblages« , des scrapbooks dans des cadres et des valises, des petits théâtres décorés d’objets trouvés, d’éléments naturels, de dessins, de petits bouts de trucs qui deviennent un mini-monde.
La mythification sublimatoire de ces assemblages crée, en lui-même, un nouveau système de légendes. On se dirait même, des légendes chuchotées par des ancêtres oubliés, perdues depuis des millénaires, rêvées par Glass et réécrites par lui avec une délicatesse extrême de l’âme.
On a envie de vivre dans la tête de l’artiste, et on peut y jeter un oeil en regardant la vidéo de l’artiste Manuela de Laborde qui filme la maison-atelier de Glass dans le quartier Roma Norte de Mexico City… On vous laisse la découvrir.
« Au-delà du réel: le surréalisme au cinéma »
En accompagnement de l’exposition, une série de films surréalistes, d’inspiration surréaliste ou qui font écho à l’univers d’Alan Glass, seront projetés au Cinéma du Musée entre le 17 Avril et le 14 Juillet 2025.
Ça commence le 17 Avril par La Montagne Sacrée (1973) d’Alejandro Jodorowsky, et on pourra voir aussi des grands classiques comme Daisies (1966) de Vera Chytilová et Mulholland Drive (2001) de David Lynch.
Infos pratiques
Quand? du 17 Avril au 28 Septembre 2025
Où? au Musée des Beaux-Arts de Montréal, 1380 rue Sherbrooke Ouest
Combien? gratuit jusqu’à 25 ans, 30$ pour les plus de 26 ans (sauf les mercredis soir où c’est 15$) et le premier dimanche du mois, c’est gratuit pour tous les résidents du Québec. C’est bien de réserver en ligne avant d’y aller!
Bon voyage (dans les mondes merveilleux d’Alan Glass)!