
On est allés voir Helgi au Théâtre 4’Sous et, sous la neige, la pièce contemporaine Islandaise de Tyrfingur Tyrfingsson -traduite par Maxime Allen et mise en scène par Marie-Ève Milot- nous a fait grincer et rire, et vivre comme un exorcisme de la spirale descendante du blues anxieux qui vient avec l’hiver.
C’est la dernière première d’une série de pièces traduites de dramaturges internationaux contemporains, et la traduction de Maxime Allen est incroyablement fidèle (selon ceux qui peuvent lire l’Islandais) mais surtout transposée parfaitement à la cadence et aux expressions si particulières à la langue québécoise -surtout que Tyrfingur Tyrfingsson parle d’Helgi comme d’une « ode à la vulgarité » et évidemment, ça sacre pas mal.
Il était dans la salle, hors de mon champ de vision, mais je crois l’avoir vu sourire très gros à la sortie de la pièce, dans le bar-entrée en forme de cube du 4’Sous…

Helgi sera au théâtre de 4’Sous jusqu’au 27 Avril et, pour les billets, c’est ici! On recommande de faire vite!
La pièce
Helgi, c’est l’histoire d’un croque-mort qui se fait prédire une série de catastrophes par son père et, à travers une émancipation presque forcée qui lui fait confronter les personnages et les aspects de sa vie les plus pervers et les plus violents, les catastrophes se succèdent jusqu’à un climax désespéré et un soupir de soulagement.
C’est une comédie noire et, avec une brillance incroyable, le texte de Tyrfingsson fait hurler le public au début de la pièce et, plus ça va, plus on a la tête qui tourne face au vertige existentiel qui se déchaîne à coups de hurlements et de jeux de pouvoirs pervers qui nous donne envie de nous agripper au proverbial collier de perles.
La pièce est très courte –90 minutes– et le format narratif qui, finalement, suit un enchaînement assez classique d’actes 1-2-3, présente dans sa rapidité et dans la rapidité assez virtuose de ses dialogues une tempête parfaite qui, dans sa résolution, nous fait rire de notre propre pourri intérieur et de notre propre croyance très main character à notre destin (tragique ou pas).

C’est la première collaboration du 4’Sous avec leur compagnie en résidence, le Théâtre à l’eau froide et Gabriel Lemire, qui interprète le personnage éponyme, est incroyable à regarder -il est parfait en héros tragique, en victime qu’on a envie de secouer jusqu’à ce qu’il se réveille.
Le 4’Sous, le théâtre québécois francophone et un pari réussi
Le 4’Sous est une institution québécoise depuis 69 ans, et leurs créations sont contemporaines, assez risquées, jouissives et rafraîchissantes dans le paysage théâtral québécois et montréalais.
On recommande de les suivre de très près parce qu’Helgi, dans la dernière (on espère) tempête de neige de cet hiver interminable, nous a fait l’effet d’un pichet de Sangria en terrasse et d’un coup de soleil qui brûle les épaules mais qu’on a bien mérité.
Bon spectacle!