
Le ciel, qui a été troublé la semaine dernière à Montréal par des particules fines noir-orange des feux de forêt dans les Prairies, est un des grands motifs d’inspiration des artistes depuis la nuit des temps (évidemment). Le ciel c’est les étoiles, le soleil, le big bang, les mythes créationnels, la lumière, la violence des orages d’été.
Le ciel Canadien est connu pour son immensité, qui mange la majeure partie du paysage, et pour ses couleurs (le vert des aurores boréales, le noir des nuits d’été, les couchers de soleil rouge, les levers de soleil dorés).
C’est notre ciel qui a inspiré (en partie) l’artiste montréalaise Marie-Claire Blais à créer les oeuvres qui sont présentées au Musée des Beaux-Arts de Montréal pour sa première exposition solo; Lumières Déferlantes.
La structure du ciel
Ce matin, le ciel était gris et écrasant. Les rues de Montréal sont bruyantes, humides, et c’est comme si le ciel était descendu dans la rue, lourd de l’eau des nuages.
L’exposition de Marie-Claire Blais est installée dans la grande salle du carré contemporain, et au milieu, qui coupe l’espace en deux, une installation composée de carrés de toile de jute peints aux couleurs d’un ciel du soir coupe l’air comme une vague. L’artiste, qui est présente pour parler de son travail, a la voix grave et douce et l’énergie tranquille d’un orage électrique. Elle dit tout de suite « je déborde » devant cette oeuvre monumentale (qui fait 55 pieds de long), sa plus grande à date. C’est « une échelle à laquelle [elle] souhaitait travailler depuis longtemps ».

En plus de l’oeuvre monumentale de Blais, créée spécialement pour l’exposition et pour cet espace, des toiles pliées et colorées qui présentent des camaïeus de couleurs ressortent du mur; les Fragments Oubliés.
Le pliage est inégal, comme si une main l’avait façonné dans un mouvement de danse -que Marie-Claire imite quand elle parle, avec la main qui ne tient pas le micro. Elle a une élégance qu’on retrouve dans ses oeuvres qui, malgré l’énergie chaotique dont elle parle pendant le processus de création, diffuse un calme agréable, comme quand l’avion dépasse les nuages et vole dans le ciel clair.

Le corps céleste
L’artiste crée ses couleurs toute seule; elle en contrôle la texture, la viscosité, et elle parle des couleurs de cette exposition comme d’une « palette de couleur céleste [et] charnelle ». Le ciel et le corps, avec sa mécanique et son rythme, sont en interaction qui passe par le mouvement des toiles et par la frénésie du travail de Marie-Claire dans l’atelier.
Si le visuel de l’exposition est calme, contemplatif, la trame sonore qui passe en boucle parle de l »urgence » de la création des oeuvres. Enregistrés dans l’atelier de l’artiste pendant son travail, séquencés avec des oscillateurs, les sons qu’on entend sont amplifiés pour remplir l’espace; coups de pinceau, brosse, crépitement de la peinture qui traverse la toile de jute.
Marie-Claire travaille en accord avec le chaos du cosmos. Elle dit, parlant du processus de création de l’expo, que « le big bang, c’est une grande émotion ».
Le calme des couleurs pastel du coucher du soleil, la frénésie de l’oeuvre créée dans l’atelier, et le mélange des deux, c’est un peu une interprétation du mythe créateur du monde par l’artiste, et un voyage dans l’absolu pour les visiteurs de l’expo.
On passe au Café Aube, au premier étage du bâtiment, parce que c’est dans le thème et parce que leur financier sans gluten est exceptionnel. À la sortie du Musée des Beaux-Arts, la brume s’est levée, et le soleil colore la ville en vert.
Infos Pratiques
Quand? L’expo est au Musée des Beaux-Arts de Montréal du 20 Juin 2025 au 4 Janvier 2025 /et cet été, entre le 30 Juin et le 1er Septembre, le musée des ouvert tous les jours
Où? au Musée des Beaux-Arts au 1380 rue Sherbrooke Ouest
Combien? 31$ pour les 26 ans et plus, 15,50$ les mercredis soirs, gratuit pour les 25 ans et moins, les membres des communautés autochtones et les personnes handicapées et leur accompagnateur
Bonne exposition!