Pour bien finir les mois des femmes, on est allés voir la nouvelle expo du Musée des Beaux-Arts de Montréal –Bad Girls Only. En tant que bad girls, toutes les montréalaises (et les montréalais, qu’on peut aussi, pour certains, qualifier de bad girls) vont adorer.
En français, c’est Présumées Coupables: les femmes et les sept péchés capitaux. Ça a ouvert aujourd’hui et c’est au musée jusqu’au 10 août 2025. C’est une petite exposition, qui réunit 28 oeuvres -des dessins et gravures- européennes du début de l’époque moderne (fin du 15ème siècle jusqu’au début du 17ème siècle) mais qui est extrêmement riche.
D’abord, c’est une collection qui est très rarement vue -et les différentes séries de gravures sont très rarement rassemblées dans un même endroit. Ce sont des petites oeuvres et il faut se rapprocher pour en apprécier les détails. On a croisé plein de filles et de femmes qui riaient des mentons pointus, des sangliers monstrueux, des seins dégonflés, penchées les unes vers les autres.
C’est une expo très intéressante aussi parce que dans le climat masculiniste qui règne (Musk, Tate et le succès de la série anglaise Adolescence qui explore les jeunes hommes et garçons qui tombent dans le rabbit hole des masculinistes sur les réseaux sociaux), on nous explique et nous montre une vision des femmes qui est démonisante, objectifiante et grotesque. Et, comme les masculinistes d’aujourd’hui, ceux-ci ont peur des femmes, de leur pouvoir et de leur intelligence.
Mais, et on se doit de le dire, les oeuvres sont également extrêmement belles, détaillées et intéressantes par leur niveau de technique, de talent et de détail. On peut apprécier les deux, non?
La Bad Girl originelle
L’expo s’ouvre avec la très belle et très connue Adam & Ève (La Chute) d’Albrecht Dürher, et est accompagnée d’une réflexion sur la femme, qui a été désignée comme la « pêcheresse » originelle, un corps qui serait habité par les 7 péchés capitaux. Le premier étant, comme c’est écrit dans la Bible catholique, Ève croquant la pomme de l’arbre savoir alors qu’on lui avait dit de ne pas le faire.
La Chasse aux Sorcières
Dans l’expo, on peut aussi voir le fameux (et ça, c’est très rare) Malleus Maleficarum (Le Marteau des Sorcières), un « guide » par A + B écrit par des hommes qui clamaient chasser les sorcières. Comment les reconnaître, comment les torturer, comment les annihiler. C’était dans les années autour de quand les dessins (caricaturals) de l’expo ont été faits, parce que la chasse aux sorcières a commencé au début du 16ème siècle, en Allemagne.
La peur de la femme est cristallisée dans ces pages, et c’est presque drôle pour les filles qui viennent voir l’expo -dans la première page du livre, la femme est décrite comme « […] le mal de nature peint en couleurs claires! ».
Les sept péchés capitaux
Entrent en jeu les sept péchés capitaux –l’Orgueil, l’Avarice, l’Envie, la Colère, la Gourmandise, la Luxure, la Paresse. C’est dans les trois séries de gravures et dessins à voir ici que les femmes servent d’allégories aux péchés, représentées un peu comme des gargouilles, ou des idoles.
Chaque péché a son iconographie spécifique qui revient dans les trois séries; un ours et une épée pour la Colère, un miroir et un paon pour l’Orgueuil, une chèvre pour la Luxure etc…
« Repenser la honte »
On vous laisse découvrir les séries, qui sont aussi belles qu’atrocement effrayées des femmes. Dans The Fall, le personnage de Gillian Anderson dit « les hommes ont peur d’être ridiculisés par les femmes, et les femmes ont peur que les hommes les tuent ». Le thème de la honte chez la femme, forcée, martelée pendant des générations par des représentations comme celles qu’on peut voir dans Bad Girls Only, est exploré en profondeur dans les cartons extrêmement détaillés de l’expo.
Et à la fin, il y a un mur et un choix de 7 types de cartes, estampillées des sept péchés capitaux, à remplir par les visiteurs. Sur un carton Envie, imprimé avec la question « Quelle est votre charactéristique la plus enviable? », une femme a écrit my confidence et une autre, my wild curly hair.
On recommande cette expo à tout le monde -pour le message, pour la rareté des oeuvres, leur beauté, et pour le sourire qu’on a quand on sort du Musée des Beaux-Arts. Il neige, et on se sent un peu allégoriques.
Quand? du 26 Mars au 10 août
Où? au Musée des Beaux-Arts de Montréal, 1380 rue Sherbrooke Ouest
Combien? gratuit jusqu’à 25 ans, 30$ pour les plus de 26 ans (sauf les mercredis soir où c’est 15$) et le premier dimanche du mois, c’est gratuit pour tous les résidents du Québec. C’est bien de réserver en ligne avant d’y aller!
Bonne visite!