Des enfants jouent dans les grands couloirs de la Maison du Développement Durable, le café est chaud et dehors, la Place des Arts est vaguement en construction derrière les baies-vitrées pendant la conférence de presse de ce matin. Du 5 au 14 août, le grand tipi emblématique du festival Présence Autochtone -qui fête ses 35 ans cet année- sera érigé sur la place et sera au centre des activités, concerts, films et expos de cette grande célebration des autochtonies du monde entier.
Le Festival Présence Autochtone
C’est la 35ème année du festival qui présente et célèbre les oeuvres d’artistes autochtones du Canada et d’ailleurs – venant des quatre coins de la Mère-Terre. Cette édition, comme le dit André Dudemaine, directeur des activités culturelles, pourrait obtenir à Montréal « le titre de ville la plus anti-MAGA de toutes les Amériques ».
L’affiche du festival, déjà iconique, montre le super-héros Capitaine Assi Nukum (ou « Captain Turtle Island ») qui casse la gueule d’un « barbare Maga-Lord », et annonce « le triomphe inéluctable de l’esprit immémorial qui a façonné les cultures et les civilisations des premiers peuples d’Amérique et la déconfiture prochaine des barbares Maga Lords. » À Peuple Autochtones, célébration rime avec résistance.
Le festival se déroulera à Montréal et à Kahnawake, affirmant « l’autochtonie du lieu » pour un « retour en force de cultures marginalisées, invisibilisées » (André Dudemaine).
Le programme du festival
Les concerts et performances musicales
On a très hâte de voir Song to the Whales, une oeuvre polyphonique et concert-rituel née d’une collaboration entre la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Nunavik. Bunna Lawrie, un grand leader aborigène et un whale dreamer artist avec un lien onirique aux baleines, en sera l’invité d’honneur. Ce sera le 6 et 7 août sur la place des festivals.
Le festival accueillera aussi le groupe punk-trash libérateur 1876, le rappeur de Whapmagoostui Kong et un concert de chants et poésie de l’aîné atikamekw Jacques Newashish et de l’artiste wendate Andrée-Lévesque Sioui.
En plus, cette année, le festival rend un hommage majeur à la chanson innue avec des performances des groupes Maten, Shauit et Native Mafia Family.
La compétition de films
Pour continuer l’hommage à la chanson innue, le festival présentera en première mondiale Florent Vollant: Innu, en présence de son fils (membre du groupe Maten), de la réalisatrice et de toute sa communauté -descendue du nord pour l’occasion. Ce sera au Théâtre Outremont.
La programmation cinématographique du festival, présentée à Montréal et à Kahnawake, est incroyablement riche et ce sont des films qu’on n’aura pas forcément l’occasion de voir ailleurs sur grand écran – et on recommande vivement d’ouvrir l’agenda tout de suite et de faire de la place pour aller les voir.

À ne pas manquer, on a très très hâte de voir Bad Press (un documentaire sur la défense de la liberté de la presse au journal local de la Nation Muscogee), Midnight at the Lonely River (un film de genre d’Abraham Côté, qui a commencé sa carrière au Wapikoni mobile), The Dim (un thriller de science-fiction qui sera projeté dans la nouvelle salle de cinéma la plus cool de Montréal), Canuto (un proto-documentaire construit autour de la légende de l’homme transformé en léopard) et Cosmographies (un film tourné sur le territoire le plus sec du monde -le désert d’Atacama- où les chercheurs de la NASA côtoient les traditions autochtones).

En tout, plus de 50 films originaires d’une vingtaine de pays seront présentés au festival.
Le film de fermeture est tout-spécialement attendu; Free Leonard Peltier. C’est un documentaire qui retrace la vie de Leonard Peltier -dont André Dudemaine parle comme d' »un Nelson Mandela des peuples autochtones d’Amérique du Nord »- un activiste autochtone emprisonné injustement depuis 1977, et des efforts de la communauté et d’Amnesty International pour le faire libérer. La bande-annonce, seule, donne la chair de poule.
Les expositions
Pendant tout le mois d’août, on pourra voir l’exposition Tshitauhitin nimushianassina Nitawihewan nipakekineskisin/Je te prête mes mocassins : parcours de femmes autochtones à Roberval à la Maison du Développement Durable.
À la Guilde, on pourra voir une exposition qui rassemble plus de 25 artistes Inuit, Quand les oiseaux reviennent, du 31 Juillet jusqu’au 13 septembre.
Les activités et présentations spéciales
La série de slow tv Inuit Makers, une série de portrait d’artistes et artisans Inuit qui dure plus de 126 heures sera projetée en boucle à l’espace Balmoral de l’ONF -une expérience qu’on nous promet unique et méditative.
Autour du grand tipi sur la Place des Arts, il y aura aussi des tambours, des danses traditionnelles, des kiosques d’artisans, une rampe de skateboard et, pour les petits, des visites organisées avec les camps de vacance tous les matins. En plus de tout ça, une série de concerts aux Jardins Gamelin complètera le festival.
Infos pratiques
Où? à Montréal et à Kahnawake (lieux des projections et concerts à vérifier en se référant au programme)
Quand? du 5 au 14 août 2025
Comment? pour la programmation complète du festival, c’est ici!
Bon Festival!